Publié dans Argenteuil, Chronique, Lachute

Les deux pieds dans la nostalgie

Dimanche 7 novembre 2021, j’étais en direction de la patinoire de la rue Hamford à Lachute, plus précisément à l’aréna Kevin Lowe-Pierre Pagé. En chemin, j’écoutais Henri Band. Si Lachute était une chanson, elle serait du rock de «swap», les deux pieds dans le folklore!  
À chaque fois que je viens faire un tour chez nous, c’est comme un pèlerinage. Cette journée-là était bien spéciale dans mon cœur de Lachutois et ancien partisan des Stars. J’étais l’un des coachs dans l’équipe de mon fils. J’ai mis les pieds dans l’aréna de la rue Hamford comme adversaire pour la première fois de ma vie. J’étais un Lion de Saint-Jérôme! Un petit dimanche de rien, plein de soleil, un beau ciel bleu et plein de souvenirs qui viennent faire leurs tours dans ma tête. J’ai les deux pieds solides dans la nostalgie bien ancrés dans mes souvenirs de p’tit gars! Thundercraft, Naya, le tournoi midget, les Rapides dans le senior, l’odeur d’une pétaque au vinaigre de la petite cafétéria de l’aréna et le couloir qui mène au vestiaire! 
Mon fils qui rentre dans le mythique endroit avec sa poche de hockey et son bâton sur l’épaule, mon défenseur préféré de tous les temps, mon Bobby Orr, mon Denis Potvin, mon Raymond Bourque, mon Chris Chelios. J’ai la larme facile. Je voudrais pleurer de fierté, mais je ne le ferais pas, car je suis dans le vestiaire avec 12 petits bonshommes et je ne voudrais pas faire honte à mon défenseur! 
 Je fais un «speech» d’avant-match bien senti et je dis aux gars qu’ils devront donner leur maximum à chaque « shift » sur la glace, car c’est la marque de commerce des équipes de Lachute et que j’étais bien placé pour le savoir, car j’y suis né. Surtout, que j’avais passé mes hivers dans cet aréna et celle de l’autre à côté, la non moins mythique grange! Nos Lions ont remporté la victoire 3-2 dans un match très chaud.  
Comble de bonheur en sortant vainqueur de l’aréna, mon cousin Stéphane le meilleur livreur de pizza dans le comté d’Argenteuil depuis 20 ans m’attendait à la sortie avec son fils le petit Olivier. Pourquoi on aime les gens? Ça demeure un mystère pour moi. J’ai toujours eu cette connexion bien spéciale avec mon cousin. Quand je le vois, c’est comme si ça faisait 5 minutes. Je trouve ça fascinant.  
Après, avec mes héritiers, nous sommes allés faire un tour chez ma vieille mère, celle qui fait des beignes aux patates. Elle habite depuis longtemps la paroisse de Saint-Julien, en fait depuis que nous sommes déménagés du p’tit Canada en 1987. Quand nous sommes arrivés, «Mado» était assise sur sa galerie à contempler le temps comme dans le temps. Elle avait à côté d’elle une petite radio transistor comme dans le temps, un petit verre en vitre -qui était un pot de moutarde avant- rempli de bière. Comme dans le temps. Comme si le temps s’était arrêté pour ma mère. Comme si le temps n’avait pas d’importance.  
Elle écoute encore la radio de Lachute via les ondes du 104.9 FM l’ancien CJLA! Le maître du temps n’a aucune emprise sur ma vieille bonne femme adorée! Mes enfants faisaient le tour de son logis comme si c’était un musée. Les photos de leur père et de leur oncle Marco sont partout sur les murs. Un logis d’un autre temps, un logis figé dans le temps, celui qui a suivi mon enfance. Les deux pieds dedans. 
Il y avait un article dans l’Argenteuil qui parle de moi et du Barbu de ville accroché sur son frigo. Ma mère ce n’est personne, ma mère, c’est une femme de ménage à la petite semaine qui a élevé seule à bout de patience deux mongoles à batterie. Ma mère c’est un petit bout de femme presque au bout d’elle-même achevé par le maudit temps. Ma mère est celle qui m’aime le plus au monde, j’en suis persuadé! Chaque fois que je vais chez eux, c’est être entre les lignes d’un poème. Elle qui ne sait ni lire ni écrire. 
Comme je te le dis à chaque fois que je te vois, je t’aime ma vieille.  
Nous avons fini notre pèlerinage avec une visite à la patate Labelle! Question de respecter le protocole d’un bon Lachutois. Et comme rien n’est éternel, j’avais appris que le resto fermerais ses portes en janvier et février comme l’an passé!!! Jamais au grand jamais je n’aurais cru ça possible de voir ça de mon vivant! Ça aura pris une pandémie mondiale qui n’en finissait pu de finir pour fermer cette institution durant nos froids hivers.  
Dimanche, j’étais à chute! 


Publié dans Histoire, Lachute

L’hiver chez nous

Quand la saison hivernale était vraiment rendue aux limites du comté d’Argenteuil, c’était le temps pour nous les petits singes à batterie du p’tit Canada de se réinventer.

L’été avec nos bicycles à poignées mustang, siège banane et «tire» balloune, il était commun de se blesser, mais l’hiver le danger était permanent. Nous en étions inconscients et heureux. Nous étions extrêmes avant même l’invention du mot.   

Éric le rouge le plus dur parmi la gang avait toujours un plan. Toujours un plan de «nèg» comme on disait dans le temps . C’est comme s’il ne dormait pas la nuit et réfléchissait durant ses nuits blanches à l’ombre de la rue Fillion. Il n’était pas méchant, mais plus tannant que nous tous réuni.   

De mémoire d’enfant, il se sera brisé environ le même nombre d’os qu’Evel Knievel. Semble-t-il qu’il y a 206 os dans le corps humain, mon ami d’infortune Éric le Rouge aurait frôlé dans son enfance les 200 os brisés! Il avait toujours un doigt foulé, une épaule disloquée, un bras cassé, des yeux au beurre noir et même une fois une fracture du crâne. La légende dit qu’il s’est battu à l’école à coup de chaîne de bicycle. Je vous le confirme, j’étais là.   

Nous avions plusieurs endroits pour nous casser le cou. Un peu partout. Notre terrain de jeu était Lachute au complet! Allez glisser dans les «pit» de sable sur la côte de sable; allez passer d’innombrables heures à la grotte de Brownsburg et glisser en «crazy carpet» ciré étaient commun. Chaque «Crazy carpet» de ma gang restait dans la «shed» chez nous question que je les cire le soir venu. Ça glissait sur un temps «toasté» sur les deux bords! Je n’oublie pas la traîne sauvage de Charlebois ou Larocque, je ne suis pas certain… Embarquer à plusieurs vers la catastrophe nous faisait se sentir vivant.   

Emmitouflés dans nos certitudes et nos habits de neige; nos bottes Sorel; nos mitaines pas de doigt, nos crémones que nos mères disaient -un vieux mot québécois qui veut dire foulard-; nos tuques avec de préférence un gros pompons et nos culottes de neige, ça nous donnait l’impression de marcher sur la lune.  

Les journées de tempêtes, alors que CJLA la radio de Lachute annonçait la fermeture de l’école St-Alexandre pour la journée, sont gravées dans mes souvenirs d’enfance! L’animateur n’avait même pas fini de parler que j’étais déjà dehors en train de courir pour aller chercher mon chum d’infortune Éric le rouge.   

J’ai dans l’idée un bonhomme de neige ou un fort. La vie était simple. Le bonheur était facile. Les jours de tempêtes, le petit Canada était comme emmitouflé dans une boule de noël qu’on brasse pour voir les flocons. Mon quartier sous 25 cm de neige et d’enfant heureux malgré le chômage, l’aide sociale, l’alcool, les taxes et la mort.  

L’hiver maintenant j’aide les voisins que je ne connais pas à sortir de leurs stationnement. Et si la neige rapprochait les humains comme dans mon quartier d’enfance?  

Je vous souhaite un bel hiver qui va arriver assez vite! Surtout, laissez la neige tomber sans trop crier après!