Publié dans ANECDOTE, BASEBALL, Lachute, souvenir

Au parc Richelieu

Laissez-moi vous raconter l’histoire d’un petit gars de 8ans…

Chaque été, le petit gars de 8 ans tentait d’améliorer son jeu, ses connaissances et sa collection de cartes de baseball! Plus tard, il voulait remplacer Garry Carter au marbre ou être journaliste et remplacer Serge Touchette du journal de Montréal.

Souvent, il traînait son petit frère de 4 ans avec lui. Chemin faisant, il s’arrêtait au dépanneur Gibeault dans le Petit-Canada sur la Filion. Il achetait des jus en sac qu’il fallait transpercer avec une paille en biseau. Ainsi, ils avaient assez de carburant pour faire le 10 minutes de marche qui les séparait du fameux parc Richelieu dans le temps de la piscine municipale!

Ils traînaient avec eux une balle de tennis, une balle de baseball, un vieux bâton de baseball Louiseville, deux gants aussi usés sinon plus que le bâton et beaucoup de bonheur à aller jouer au  »FLY PIS AU ROULANT ».

Le petit gars de 8 ans avait aussi dans les pieds de magnifiques souliers trois couleurs des expos! Avec ses souliers, il était persuadé qu’il était la réincarnation de Tim Raines. Il était persuadé qu’il courait aussi vite que lui du moins, les souliers lui donnaient un avantage certain sur les autres petits joueurs de balle!

Dans ses 8 ans de vie, le petit gars vous dirait lui-même que c’est le plus beau cadeau qu’il n’a jamais reçu.

Son petit frère de 4 ans lui était plutôt un pêcheur. Il pêchait  »toute la maudite été », il n’arrêtait que pour faire du bicycle et quand son frère l’achalait suffisamment pour aller jouer au  »FLY PIS AU ROULANT ». Si aujourd’hui, il n’y a presque plus de poisson dans la rivière du Nord, aux abords de Lachute c’est un peu de sa faute. Aucune espèce ne lui a résisté: barbotte, perchaude, carpe, crapet soleil, brochet, doré et la barbu remplie de mercure.

Du haut de ses 4 ans, il avait la patience des plus grands joueurs d’échecs russes et pouvait rester à la même place des heures et des heures sans rien pogner.

Ils pouvaient jouer des heures à se lancer des balles, à se faire des bleus partout sur le corps, à se chicaner pour avoir un tour au bâton, à pogner des fly, à savoir qui court le plus vite autour des buts, à se faire des relais du 2e but au 1er but etc…

Bref, il en a joué des parties de balle au Richelieu. Il a vu avec ses yeux de petit gars de 8 ans, les 4 chevaliers O’Keefe et le gros Claude Potvin faire de la magie. Que d’émerveillement! Seul au parc, comme un grand, assis dans les estrades avec un casseau de patates au vinaigre et un coke à regarder les grands jouer à la fastball et à la softball.

En plus de ses parties improvisées, le petit gars de 8 ans a joué des centaines de games de balle au mur. Il était une sommité dans le domaine. Si un jour on donne un prix pour ce jeu, il en sera le premier récipiendaire! Comme Picasso il maîtrisait son art!

Vers 7h PM, il rentrait à la maison prendre un bain, mettre son pyjama rempli de balles, manger un peu et il allait s’enfermer dans sa chambre jouer avec ses cartes dont sa préférée, celle du lanceur à la moustache  »Rollie Fingers ». Il mettait sa radio transistor à CKAC, la cachait sous ses couvertures, tenait son gant de baseball comme une doudou et se laissait bercer les soirs d’été par la voix rassurante de Jacques Doucet.

S’il y avait une certitude dans le monde de ce petit gars de 8 ans c’était que chaque soir d’été, Jacques Doucet serait au rendez-vous comme un bon père de famille. Certains avaient comme héros Superman, Spiderman, Batman… lui il préférait de loin les Gary Carter, Raines, Mike Schimdt et Babe Ruth!

Il y avait à chaque printemps dans le gymnase de la polyvalente Lavigne, un camp d’évaluation pour former les équipes de la ville. Ils avaient besoin de 4 clubs pour la ligue inter-paroissiale de niveau plus faible: ses équipes étaient St-Anastasie (2), St-Julien (1) et Immaculée-Conception (1).

Par la suite, il y avait les  »yankees » de cette ville, l’équipe qui allait représenter la ville partout dans les Laurentides. Les fameux Rotary, club de niveau (A). Ils avaient un bel uniforme jaune serin avec une casquette brune.

À chaque évaluation, le petit gars de 8 ans était choisi pour jouer avec les fameux Rotary. Il a appris les fondements de la balle à ses camps d’évaluation, il a appris à bloquer avec un genou à terre, à lancer par-dessus l’épaule, à raccourcir son bâton, à voler des buts même s’il n’a jamais été un marchand de vitesse, à faire le court et frappe, à ne pas attraper la balle comme  »Willie Mays ». Mais au camp il a appris aussi le sens du mot pauvreté car ses parents ne pouvaient lui payer l’inscription et l’uniforme. Il a été au camp quand même pendant des années dans l’espoir que ses parents, que quelqu’un lui aurait payé l’inscription et l’uniforme.

Si vous êtes attentifs chers lecteurs et lectrices… vous pourrez le voir coacher dans l’uniforme Orange avec le numéro 8 sur les terrains de St-Jérome . Si vous regardez attentivement, vous pourrez apercevoir à travers ses souliers de balle noirs Wilson, les souliers trois couleurs des Expos du petit gars de 8 ans. Et si vous savez lire entre les lignes de ce texte, le petit gars de 8 ans de Lachute est maintenant un barbu de ville.

*Message au petit gars de 4 ans*                                                                                              

J’étais tellement content cet été quand le petit pêcheur est venu me voir coacher les Orioles B2 contre les Jets de Mirabel… il a même pas fallu que je le traîne. 


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Dans la rivière des Outaouais

Au début des années 50, c’était la grosse misère sur la côte de sable!

La côte de sable, c’est un quartier pauvre à Lachute dans le comté d’Argenteuil! Il y avait le secours direct pour les plus pauvres et il y avait en dessous les Mallette.

Laissez-moi vous raconter l’histoire de Méo Mallette…

Il était un ramasseur de scrap devant l’éternel. Un pêcheur de barbotte. Un mangeur de pétaque. Un étaleur de graisse de rôti. Un fouilleur de poubelles aux quatre coins cardinaux de Lachute. Un homme de peu de mots! Méo mesurait 4’11 et pesait 75 livres, un genre de nerveux comme il s’en fait pu! Il habitait en permanence enfermé dans son silence. Si on mettait tous ses silences un à côté de l’autre, on pourrait faire le tour de la terre comme dans le livre de ce bon vieux Jules Verne.

Ce que Méo aimait par-dessus tout c’était d’amener son garçon le plus petit, Wilfrid, pêcher avec lui. Le p’tit St-Jean-Baptiste comme son père l’appelait car il était blond et bouclé. Du haut de ses 4 ans, pêcher pour sa famille était normal et facile. La rivière du Nord n’avait pas de secret pour Wilfrid. Il pouvait prendre avec la régularité d’un métronome assez de poisson pour nourrir toute la famille de 11! De la barbotte huileuse, au crapet-soleil plein d’arêtes, à la carpe suceuse, à la barbu du fond de « swamp », au brochet aux mille et une dents, à l’esturgeon vidangeur de rivière et à la perchaude sans fin.

Père et fils pouvaient rester des heures en dessous du pont de la track, regarder l’horizon et le bout de leur ligne. Ils revenaient à la maison quand ils avaient pêché suffisamment de poisson. Parfois ils revenaient de bonne heure et d’autres fois à la tombée de la nuit. Ils étaient patients comme ces maîtres bouddhistes sans le savoir.

Le jeudi, c’était le temps des poubelles partout dans la ville. Méo partait avec son plus grand à la tombée du soleil, en « bécycle » avec des trailers de fortune accrochés en arrière d’eux! Il ramassait les restants des autres à la mitaine. Ils pouvaient ramasser jusqu’aux petites heures du matin et revenaient parfois avec des trésors amochés.

J’ai oublié de vous dire que Méo était « straight edge » avant qu’on invente le mot. Il ne fumait pas, ne buvait pas, ce qui était très rare à l’époque. Avec ses enfants il était plutôt sévère sauf à la pêche et en ramassant les poubelles. Il était le seul pilier de la famille car sa femme Anita était alcoolique du premier au dernier degré…

Il n’était pas rare que les petits Mallette aillent à l’école avec des pétaques crues dans leur sac à lunch et parfois rien du tout pour remplir leur petit ventre le midi. Les Mallette c’est du simple monde. Ils n’ont jamais volé personne, jamais. Ce n’est pas du mauvais monde. C’est juste qu’ils sont nés pour un petit pain!

Par un dimanche après-midi comme plusieurs dimanches après-midi, la famille Mallette étaient dans la grosse chaloupe tous ensemble. Il y avait père, mère, Wilfrid (4 ans), Madeleine (5 ans), Denis (11 ans), Michel (12 ans), Denise (8 ans), Marie (6 mois), Monique (2 ans), Réjeanne (7 ans) et la belle Dorinne (14 ans). Personne à part Wilfrid et Méo aimaient être là. C’était le calvaire hebdomadaire des Mallette.

La rivière du Nord en ce début de printemps était particulièrement agitée. Le temps était à la tempête mais le bonhomme Mallette était plutôt du genre tête dure. Le dimanche, c’était la pêche en famille coûte que coûte. La chaloupe était à la hauteur du petit pont, presque arrivée sur la rue principale, ce pont à l’époque était vert! Angèle était inquiète avec la petite Marie dans les bras. Dorinne aussi avec Monique dans ses bras. Le ciel de la petite ville de Lachute est devenu noir! La famille Mallette se faisait brasser d’un bord pis de l’autre dans la chaloupe. Ils vivaient là un moment charnière dans leurs propres histoires, dans l’histoire de la rivière du Nord aussi. À ce moment précis, ce fut une fin du monde en soi… L’éclatement d’une famille!

Le petit Wilfrid était debout dans la chaloupe et s’amusait à jouer à faire le clown. La chaloupe arrêta d’un coup sec et Wilfrid tomba dans les bras de la rivière du Nord. Wilfrid criait à mort pendant que les eaux l’emportait loin des Mallette. Le cri de Wilfrid résonne encore aujourd’hui en 2017 aux abords de cette maudite rivière…

Soudain il a arrêté de crier et son père le géant Méo sauta dans l’eau froide du printemps. Il nageait comme une roche. Il a coulé aussi comme Wilfrid. C’était, dans la chaloupe, le plus grand silence que l’humanité n’aura jamais connu! Méo et Wilfrid s’en allaient au gré des vagues et du courant. Ils avaient à eux d’eux, tout le temps de l’infini pour se rendre nulle part.

Ma propre mère Madeleine (elle avait 5 ans à l’époque) en parle encore aujourd’hui avec émotion. Un chagrin qui vous reste pris dans la gorge ad vitam aeternam. Le 13 avril 1958 fut la fin de la famille Mallette tout simplement! Le ciel était gris et à regarder dans le fond des yeux de ma mère, j’ai l’impression qu’il n’a jamais changé de couleur depuis! Elle traîne dans son bagage Méo et Wilfrid.

Pour la suite des choses…

Six mois après la mort de Méo et Wilfrid, Anita était en cour car son nouveau chum et mari, oui, oui, battait les enfants ce que Méo n’avait jamais fait.

Vrai comme je suis en train d’écrire ce maudit texte, le juge demande devant la cour à Anita:

– Madame, vos enfants ou votre nouveau mari?

– (Anita) : Mon nouveau mari (sans aucun sanglot dans la voix). Mon beau Émile!

Si la mort de Méo et Wilfrid fut la fin de la famille Mallette, Anita l’a achevé à coup de bières, à coup d’égoïsme et à coup d’Émile.

À des fins historiques…

Tous les enfants sans exception furent placés comme on dit. Séparés à jamais, chacun dans leurs douleurs! Aucun placé à la même place, le même jour.

Anita est morte en 1998, seule, sans famille et folle.

Et le 17 avril 1958 dans les eaux troubles de la rivière des Outaouais on a retrouvé le corps gonflé de Wilfrid. Et au bout de sa petite main gauche, il y avait Méo qui lui tenait la main.

Qu’il soit écrit ici que de la rivière du Nord à la rivière des Outaouais, Wilfrid n’était pas seul. Au-delà de la mort, il y avait papa Méo!


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Publié dans Foodies, Voyage

Maggiano’s (Boston)

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Sur l’avenue Columbus à Boston, il y a un petit bonheur pour tous ceux qui aiment la vie. Il y a, au 4 avenue Columbus, tout pour assouvir l’épicurien que je suis.

Le Maggiano’s qui a ouvert ses portes en 1991 est un restaurant italien comme tant d’autres à première vue mais quand vous rentrez à l’intérieur vous êtes assommé comme si la foudre vous avait frappé. Je ne parle pas ici d’un restaurent gastronomique, je parle ici d’un bon vieux resto italien à la façon italienne traditionnelle! Les plats dans le milieu de la table pis servez-vous.

Vous voulez manger en amoureux c’est pas la place. Vous voulez manger en silence c’est encore moins la place, allez dans une bibliothèque pour prendre des livres.

Le bruit est constant. Il fait partie des meubles. Il fait partie du spectacle car manger au Maggiano’s c’est faire partie soi-même de la commedia dell’arte. C’est vivre un instant au milieu de la petite Italie. C’est respirer au rythme de la Sicile!

La devanture du resto est correcte sans plus mais une fois à l’intérieur la magie opère à une vitesse vertigineuse. Vous avez à l’entrée un immense bar pour accueillir les clients, pour ceux aussi qui veulent finir la soirée à “scotchés” au bar! Vous avez aussi un immense “desk” avec une hôtesse sicilienne, aux cheveux noir foncés, au regard qui vous déshabille l’âme. Bref une belle entrée en matière. Vous avez déjà mangé et vous n’êtes même pas assis. Vous avez dévoré les lieux de vos yeux.

Au menu…

Il y a en entrée des zucchinis frits… oui des zucchinis! Je vous jure sur la tête de mes deux enfants que ça sera la meilleure entrée que vous aurez jamais mangé de votre maudite vie! Difficile à décrire comme goût, c’est comme croquer dans un nuage aux abords du paradis. Au serveur vous demandez Crispy Zucchini Fritté.

Il y a aussi le presque interdit, banni dans 48 états, le fameux Johnny Carbonara! Photo à l’appui!

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Roulement de tambour ici…

On parle de pâtes carbonara servies dans une crème de truffe onctueuse, de petits pois, de bacon fumé… oui, oui, fumé et un œuf parfaitement poché! Après une assiette de la sorte, la vie vous semble plus belle, c’est une drogue tout simplement.

Je ne vous ai pas parlé du fameux Pesto Perlini Mozzarella. Photo à l’appui!

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Des boules de poulet au ricotta, des tomates séchées au soleil de la Toscane, du parmesan, des boules de mozzarella et des fettuccine maison. Voilà! Si vous êtes insensible à tout ça, je vous conseille de  »slaquer » sur le beige!

Un repas au Maggiano’s se déguste entre amis, même un ami qui vient vous rejoindre en avion et qui fait un aller-retour, juste pour votre fête! Merci l’intemporel Catcheur.

Avec mon frère aussi, au milieu du souper, je regardais partout, les gens qui parlent fort, qui parfois chantent, qui jouent au bonheur malgré la vie. Je savourais le moment, je me disais que moi et mon frère on était loin du bloc 36 de notre enfance, un HLM dans le Bronx de Lachute!

Le Maggiano’s pour simplement savourer la vie!

La vita è bella, viva Maggiano’s

4 ave. Columbus, BostonMassachusetts 

RESERVATIONS: (617) 542-3456